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Dernière mise à jour : 8 mars 2020

Le célèbre ensemble tailleur-pantalon s’est construit sur une résistance féministe, depuis les années soixante-dix à aujourd’hui. D’un symbole de l’émancipation de la femme jugé provocateur, le tailleur-pantalon s’est transformé peu à peu en une tenue conservatrice, réservée aux réunions de travail. Aujourd’hui, le tailleur-pantalon s’est stylisé et est devenu un incontournable du vestiaire féminin aussi bien de jour comme de nuit.


On doit l’apparition du premier tailleur-pantalon au grand couturier Yves Saint Laurent, connu pour avoir participé à l’émancipation de la femme. En effet, il créé en 1967 une version très différente du tailleur traditionnellement porté avec une jupe. Bien que le tailleur appartienne au vestiaire masculin, il l’adapte au corps féminin : la taille est cintrée, les manches sont ajustées et le pantalon est large. Il le fait porter avec des talons et des bijoux ou avec une cravate pour un style plus androgyne. Il devient alors le porte-parole d’une mode affranchie.

Cependant, il créer rapidement la controverse car ce fameux tailleur contribuerait à la destruction des normes de genre.

Le tailleur-pantalon devient peu à peu beaucoup plus travaillé que le costume pour homme : on retrouve différentes couleurs, textures et motifs avec des coupes différentes. À côté de son usage professionnel, le tailleur-pantalon s’adapte également à l’arrivé des mouvements hippie et disco des années 1970 : les vestes et les chemises ont des cols larges et pointus et les pantalons sont évasés sur le bas. On retrouve également des imprimés floraux.

Malgré son essor, il continue d’être perçu comme une tenue provocatrice pendant de nombreuse années encore…

Dans les années quatre-vingts, la femme devient une véritable working girl et souhaite prendre la place des hommes au travail tout en restant sexy : on parle de l’ère du «power dressing». C’est une époque haute en couleur. De nouvelles matières apparaissent comme le tweed, le jersey ou encore la laine. Le tailleur-pantalon adopte de nouveaux styles et peut être plus ou moins long et plus ou moins rigide. Cependant, le tailleur-pantalon le plus en vogue est très cintré à la taille, il peut même être ceinturé et les épaules sont volumineuses.

Le tailleur-pantalon des années 1990 se rapproche de celui des hommes : la coupe est large. Les coloris et les motifs sont classiques avec du bleu, du gris, du noir, des carreaux et des rayures.

Le tailleur-pantalon est rapidement devenu un cliché professionnel. Il est perçu comme une tenue conservatrice représentant un certain conformisme et classicisme. Il revient cependant depuis plusieurs saisons dans nos dressings, dédramatisé et décoincé, brisant les codes austères de cet ensemble. On retrouve effectivement des ensembles aux couleurs flamboyantes telles que le rouge, le vert, le blanc ou encore le jaune moutarde. On peut également miser sur des couleurs et des motifs très classiques. La seule différence ? La coupe ! On peut opter pour une silhouette extra-large pour un style rétro ou plus affûtée pour un look bien plus androgyne. Les vestes courtes sont également de mise avec des pantalons 7/8, pour mettre en valeur une paire d’escarpins ou même de sneakers pour un look streetwear.


Rédigé par Clara Dokchine.



La Semaine de la mode et le porno n’ont à priori rien en commun. Pourtant la maison de couture New-Yorkaise Hood by Air a entrepris une collaboration des plus étonnantes. La griffe a ainsi dévoilé lors de son défilé printemps/été 2017, une collection capsule en association avec la célèbre plateforme Porn Hub, mêlant ainsi mode et culture du porno.


Lorsqu’on connait cette exubérante maison de couture ainsi que son fondateur Shayne Oliver, cette collaboration n’est pas aussi étonnante que l’on pourrait croire.

Hood by Air voit le jour en 2006 et tire son nom de l’argot signifiant «se faire beau pour sortir», mais sortir où ? Depuis le début de sa création, Shayne Olivier cherche à mélanger les genres. Les genres culturels, ethniques et musicaux fusionnent alors pour ne former qu’un et développent ainsi une nouvelle culture de la mode, appelée la mode hybride. Cette griffe tire son héritage d’un mouvement de mode déconstructionniste, créant ainsi des pièces inédites à partir de pièces plus classiques, de façon beaucoup plus exubérante et surtout sans étiquettes. Hip-hop, streetwear, punk, genderfluid, influence de la culture noire, influence de la culture blanche : la maison est un mélange de toutes ces inspirations à priori incompatibles. On retrouve donc des pièces classiques comme le t-shirt ou le hoodie, la plupart du temps de couleur noire ou blanche et ornées d’énormes logos. Sortir en portant du Hood by Air permet donc de passer aisément d’une sphère à une autre, d’une soirée mondaine dans l’Upper East Side à une partie de basketball dans le quartier de Brooklyn.

À côté de cet univers stylistique propre à elle-même, Hood by Air est connue pour avoir présenté des collections ainsi que des défilés très provocants. On se souvient des défilés aux ambiances sombres, avec des cartons d’invitation en forme de string, des visages de mannequins cagoulés de collants, avec des écarteurs ou des tétines-cadenas dans la bouche. La griffe a déjà relevé la question de la sexualité notamment en présentant des défilés inspirés du bondage - un comportement sexuel sadomasochiste qui consiste à ligoter son ou sa partenaire dans le cadre d’une relation de soumission et de domination - avec des mannequins tenus en laisse. C’est donc tout naturellement que Shayne Olivier trouve en Porn Hub, une nouvelle source d’inspiration, dans la continuité de ce qu’il a déjà entrepris.

Porn Hub est l’un des sites les plus fréquentés au monde et diffuse des vidéos pornographiques en s’inspirant du fonctionnement de Youtube. Les vidéos sont en effet disponibles en streaming et en téléchargement. Le site est alors approché par Hood by Air afin de lancer une collection capsule pour la collection printemps/été 2017. La collaboration ne s’est pas arrêtée là puisque Porn Hub a également été le sponsor du défilé de la griffe à la Fashion Week de New York, défilé qui a suscité de nombreuses controverses puisqu’il a présenté un aperçu de la collection capsule.

Tout le défilé est basé sur un mélange entre mode et sexe, des références au maquillage, ainsi qu’aux bruitages. En effet, la collection intitulée «Handkerchief» qui signifie en français «Mouchoir» avait pour thème «La gueuse» : deux termes aux allusions très poussées. Nous pouvons ajouter à cela les références totalement modifiées et sexualisées au livre pour enfants «Baby-Sitters Club» avec les phrases «Do you really know where your childen are ?», «Hustler» ou encore «Wench» apposées sur les t-shirts de la collection. Le maquillage a été troqué contre de la vaseline, dégoulinant sur les visage des mannequins et faisant à nouveau référence à une pratique sexuelle, celle du «walk-cum» et de l’éjaculation faciale. Bodys, t-shirts ou encore chemises Hood by Air x Porn Hub ont donc rejoint le reste de la collection printemps/été sur le catwalk.

Shayne Oliver avait conscience que ce défilé ne ferait pas l’unanimité dans le monde de la mode mais avait la volonté de repousser encore une fois les limites de sa griffe. Outrancière ou innovante ? Selon lui «il n’y a pas de beauté sans interrogation».


Rédigé par Clara Dokchine.


Dernière mise à jour : 8 mars 2020

Après l’acceptation des mannequins noirs puis celle des mannequins grande taille, la mode a de nouveau fait un grand pas et, désireuse de prouver son progressisme, a accueilli des mannequins d’un nouveau genre : les mannequins transgenres. Alors, qui sont ces nouveaux mannequins aspirant à bouleverser les codes de la mode ?


Tracey Norman est la première mannequin transgenre de l’histoire de la mode même si cette dernière a caché ce lourd secret pendant des années. En effet, Tracy Norman est née garçon en 1951. Elle s’est cependant toujours sentie femme et attend d’avoir le bac pour vivre pleinement sa vraie identité. Après avoir fréquenté le monde trans pendant quelque temps, elle décide de prendre les choses en main et de commencer un traitement d’hormones. Plus épanouie que jamais, il ne manque plus qu’une chose pour combler le bonheur de cette jeune femme : devenir mannequin.

Après s’être incrustée dans de multiples défilés afin d’observer les mannequins pour pouvoir apprendre le métier, elle tente sa chance à un casting. Bingo ! Elle décroche le contrat et pose alors pour Vogue Italien. Ce contrat marque le début de sa carrière. Tout s’enchaine alors très vite : elle signe dans l’agence Zoli et multiplie les contrats tout en restant discrète sur sa vie privée.

C’est en 1980 que son secret est découvert par la rédactrice en chef du magazine féminin Black Essence.

Elle est alors boycottée de nombreuses années par le monde de la mode qui se sent trahi et qui discrimine sa réelle nature. Aujourd’hui, de retour en tant que mannequin et égérie, Tracy Norman est un modèle pour de nombreux mannequins transgenres et peut désormais vivre son rêve pleinement, sans plus aucun secret.

Andreja Pejic est née Andrej Pejic. Dès son plus jeune âge, elle sait au fond d’elle-même que c’est une femme. Cette mannequin australienne d’origine bosniaque se présente dans un premier temps au monde de la mode comme un homme au physique androgyne, avec de longs cheveux blond platine. Elle signe d’abord dans une agence de mannequinat Londonienne et fait sa première couverture de magazine dans le Wonderland. Elle est ensuite représentée par l’agence française New Madison qui la propulse et qui lui permet de défiler pour les plus grands. Jean-Paul Gaultier, John Galliano ou encore Raf Simons : tous la veulent dans leur défilé. Elle révèle sa transidentité un an après le début de sa carrière dans le magazine Vogue, vêtue d’une robe de mariée. Elle se revendique désormais comme une mannequin femme et est par ailleurs la première femme transgenre à avoir intégré l’agence de mannequins Ford.

Casey Legler, 37 ans, est la première femme à avoir signé un contrat dans une agence de mannequinat - l’agence Ford - dans la section homme. Choisie à la dernière minute pour un shooting photo que l’un de ses amis réalise pour le magazine Muse, elle se retrouve un peu par hasard dans l’univers de la mode. Il s’agit pour elle d’univers bien éloigné de l’univers de la natation dans lequel elle a évolué professionnellement pendant de nombreuses années. Cette dernière travaille uniquement pour des collections masculines. En effet, son look très androgyne, ses tatouages, sa silhouette d’ancienne nageuse olympique ainsi que son mètre quatre-vingt-huit en font une égérie idéale.

Valentina Sampaio est la dernière mannequin en date à avoir fait sensation. Cette jeune femme brésilienne de 22 ans sait depuis sa venue au monde qu’elle n’est pas née dans le bon corps. Soutenue par sa famille, elle entame très vite des démarches et change de prénom à l’âge de 12 ans. Elle impose alors sa nouvelle identité et surtout, sa réelle identité. Ayant toujours voulu appartenir au monde de la mode, elle entreprend des études dans le design et commence parallèlement une carrière de mannequin. Contrairement à ses consoeurs, Valentina Sampaio n’a jamais caché son identité. Elle enchaine rapidement les contrats : elle défile à la Fashion Week de Sao Paulo en 2016, devient la première égérie transgenre de L’Oréal Paris, prend la pose pour de nombreuses marques et devient même la première mannequin transgenre à faire la couverture de Voque Paris. Après de nombreux défilés critiqués pour le manque de diversité, la célèbre marque de lingerie américaine Victoria Secret contacte Valentina qui devient alors sa première égérie transgenre et réalise le rêve de beaucoup de sa communauté ! Selon elle, «La communauté transgenre commence à peine à trouver sa place dans la mode, mais il y a encore beaucoup de travail à faire».


Rédigé par Clara Dokchine.

Les publications Melancolia ®, 20 Rue Jules Brunard, Lyon, Auvergne - Rhône-Alpes 69007, France

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