Hood by air et Porn hub enlacés sur le catwalk
- Melancolia Magazine
- 3 mars 2020
- 3 min de lecture
La Semaine de la mode et le porno n’ont à priori rien en commun. Pourtant la maison de couture New-Yorkaise Hood by Air a entrepris une collaboration des plus étonnantes. La griffe a ainsi dévoilé lors de son défilé printemps/été 2017, une collection capsule en association avec la célèbre plateforme Porn Hub, mêlant ainsi mode et culture du porno.
Lorsqu’on connait cette exubérante maison de couture ainsi que son fondateur Shayne Oliver, cette collaboration n’est pas aussi étonnante que l’on pourrait croire.
Hood by Air voit le jour en 2006 et tire son nom de l’argot signifiant «se faire beau pour sortir», mais sortir où ? Depuis le début de sa création, Shayne Olivier cherche à mélanger les genres. Les genres culturels, ethniques et musicaux fusionnent alors pour ne former qu’un et développent ainsi une nouvelle culture de la mode, appelée la mode hybride. Cette griffe tire son héritage d’un mouvement de mode déconstructionniste, créant ainsi des pièces inédites à partir de pièces plus classiques, de façon beaucoup plus exubérante et surtout sans étiquettes. Hip-hop, streetwear, punk, genderfluid, influence de la culture noire, influence de la culture blanche : la maison est un mélange de toutes ces inspirations à priori incompatibles. On retrouve donc des pièces classiques comme le t-shirt ou le hoodie, la plupart du temps de couleur noire ou blanche et ornées d’énormes logos. Sortir en portant du Hood by Air permet donc de passer aisément d’une sphère à une autre, d’une soirée mondaine dans l’Upper East Side à une partie de basketball dans le quartier de Brooklyn.
À côté de cet univers stylistique propre à elle-même, Hood by Air est connue pour avoir présenté des collections ainsi que des défilés très provocants. On se souvient des défilés aux ambiances sombres, avec des cartons d’invitation en forme de string, des visages de mannequins cagoulés de collants, avec des écarteurs ou des tétines-cadenas dans la bouche. La griffe a déjà relevé la question de la sexualité notamment en présentant des défilés inspirés du bondage - un comportement sexuel sadomasochiste qui consiste à ligoter son ou sa partenaire dans le cadre d’une relation de soumission et de domination - avec des mannequins tenus en laisse. C’est donc tout naturellement que Shayne Olivier trouve en Porn Hub, une nouvelle source d’inspiration, dans la continuité de ce qu’il a déjà entrepris.
Porn Hub est l’un des sites les plus fréquentés au monde et diffuse des vidéos pornographiques en s’inspirant du fonctionnement de Youtube. Les vidéos sont en effet disponibles en streaming et en téléchargement. Le site est alors approché par Hood by Air afin de lancer une collection capsule pour la collection printemps/été 2017. La collaboration ne s’est pas arrêtée là puisque Porn Hub a également été le sponsor du défilé de la griffe à la Fashion Week de New York, défilé qui a suscité de nombreuses controverses puisqu’il a présenté un aperçu de la collection capsule.
Tout le défilé est basé sur un mélange entre mode et sexe, des références au maquillage, ainsi qu’aux bruitages. En effet, la collection intitulée «Handkerchief» qui signifie en français «Mouchoir» avait pour thème «La gueuse» : deux termes aux allusions très poussées. Nous pouvons ajouter à cela les références totalement modifiées et sexualisées au livre pour enfants «Baby-Sitters Club» avec les phrases «Do you really know where your childen are ?», «Hustler» ou encore «Wench» apposées sur les t-shirts de la collection. Le maquillage a été troqué contre de la vaseline, dégoulinant sur les visage des mannequins et faisant à nouveau référence à une pratique sexuelle, celle du «walk-cum» et de l’éjaculation faciale. Bodys, t-shirts ou encore chemises Hood by Air x Porn Hub ont donc rejoint le reste de la collection printemps/été sur le catwalk.
Shayne Oliver avait conscience que ce défilé ne ferait pas l’unanimité dans le monde de la mode mais avait la volonté de repousser encore une fois les limites de sa griffe. Outrancière ou innovante ? Selon lui «il n’y a pas de beauté sans interrogation».
Rédigé par Clara Dokchine.
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