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Apparences Trompeuses

Dernière mise à jour : 8 mars 2020

Utilisés dans l’art afin de surprendre et de questionner les spectateurs, l’illusion d’optique et le trompe l’oeil sont aussi présents dans le monde de la mode et de la Haute Couture. Une tromperie sur l’esthétique qui amuse les créateurs de mode.


Destiné à jouer sur la perception, la confusion d’une représentation, le trompe-l'œil apparait lorsque la volonté de tromper l'emporte sur l'intention esthétique. Un aspect séducteur, obscur et gênant qui amène le spectateur à la réflexion, au questionnement et à l’imagination. Pour créer cette

illusion, l’artiste utilise différentes techniques telles que l'intervention de la troisième dimension ainsi que la perspective qui fait «sortir» un ou plusieurs objets de la surface. Apparu au IVème siècle avant Jésus-Christ, on constate tout d’abord l’art du trompe l’oeil sur les peintures et les toiles avant sa démocratisation en Europe au XIXème siècle grâce à la photographie. Les artistes s’en emparent consciemment ou inconsciemment. On retrouve Salvator Dali, Vasarely, Marcello Barenghi, Edgar Mueller, Jean Verville, Alexander Kent, George Rousse, réalisant tous cette technique dans différents domaines. Le trompe l’oeil habille les tableaux, les toiles, la décoration, mais aussi la rue avec des peintures et des réalisations architecturales réalisées grâce à des illusions à la fois géométriques, distordantes, de contraste, de mouvement, paradoxales ou encore ambiguës. Il existe différentes manières d’aborder le trompe l’oeil pour produire l’effet surprenant attendu.

C’est ce que la célèbre maison de luxe Dior à fait lors d’un défilé mettant en scène l’imagination et le renversement optique. Une véritable mise en scène où le couturier laisse place à son imagination. Créateur à part entière, il travaille dans une pièce aussi appelée «atelier» désignant aussi bien le lieu d’expression de l’artiste que celui du couturier. Un endroit authentique où l’artiste libère son côté artistique, où le rêve, la réalité et l’imagination sont les maîtres mots. C’est ainsi qu’une collection principalement en noir et blanc, parsemée d’illusions et de surprises voit le jour. Présentée lors d’un défilé en accord avec l’ambiance du scénographe, elle allie jeux d’optique et illusions.

Dans une toute autre ambiance, la maison de Couture Viktor and Rolf présente une collection basée sur le questionnement et l’imagination. Sont dévoilées des robes en tulle aux coupes peu habituelles, représentant l’esprit particulièrement créatif de cette maison. L’imagination des deux partenaires nous plonge donc dans un monde à part, où la gravité semble ne pas exister. Il s’agit d’une présentation théâtrale, dévoilant des robes alliant futurisme et créativité au travers des tissus, des couleurs et des coupes. Parmi ces créations, une robe en tulle verte amène au questionnement. Présentée en deux parties, elle semble flotter dans les airs. La première partie est composée d’un bustier noir et blanc accompagné de tulles verts. Quant à la deuxième partie, on découvre un jupon de tulles verts. Il s’agit d’une création intense qui amène au questionnement lorsque l’on se rend compte du détachement entre les deux parties la constituant. Cette illusion d’optique, souhaitée par les couturiers, permet aux spectateurs de

s’attarder sur la robe et d’essayer d’en comprendre le sens. Un temps passé à admirer la création qui permet de marquer les esprits et de se souvenir de celle-ci comme une véritable oeuvre d’art.

Dans une toute autre conception, mais, avec un questionnement toujours présent, la créatrice Iris Van Herpen s’impose. Des créations curieuses et innovantes composent ses collections. Face aux nouvelles technologies, la créatrice de mode dégage une particularité, une singularité et un style qui lui est propre. L’utilisation de l’imprimante 3D permet la conception de créations toujours plus étonnantes et futuristes. Avec sa collection couture baptisée «Between the Lines», elle explore l’interaction entre les mondes physiques et numériques. Elle se joue de la transparence et créer des illusions d’optique : les robes vibrent et ondulent au rythme des pas de ses mannequins. Des radiations parcourent leur corps et d’harmonieuses griffures de silicone blanches et noires viennent en flouter les contours. Des silhouettes quelque peu inquiétantes, mais, d’une beauté intimidante. On distingue quelque chose d’aérien, de fragile dans ces robes qui semblent être faites de bulles de savon, de givre ou encore de papier. Parmi les seize looks présents lors du défilé, la robe ondulante, où fusent le noir et le blanc, s’apparente à la pièce maîtresse de la collection.

«Between the lines» est une collection jouant de la transparence et des illusions d’optique, afin de faire intervenir des matières inédites dans l’impression 3D, dont notamment la soie. Une collection qui reste dans les esprits et amène à un questionnement perpétuel.

Un vêtement nous trompe sur sa matière comme il peut nous tromper sur sa fonction. Il peut en cacher un autre, dissimuler ce qui se doit de rester discret ou encore jouer sur la notion de surprise. En jouant avec les styles et les références, les créateurs de mode affirment leur créativité au travers de collections surprenantes, inédites et innovantes.


Rédigé par Laurine Roussel.

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