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Dernière mise à jour : 8 mars 2020

Le porno-chic apparaît au début des années 2000 en référence à l’usage de la pornographie dans le monde de la mode et de la communication. Un réel tournant pour le monde de la mode, où érotisme et sensualité sont mis en oeuvre, mettant ainsi de côté les tabous de la société.


Le porno-chic bouscule le monde de la mode et du luxe, mettant ainsi de coté les codes conventionnels établis jusqu’alors. Un décalage brutal, toutefois bénéfique pour les maisons jugées auparavant comme trop réservées et averties. Tout d’abord apparu dans les années 1970, ce phénomène est relayé dans les films pornographiques tels que «Deep throat» réalisé en 1972. Il s’agit du premier film pornographique à scénario. Un succès public qui lance l’ère du porno-chic. Les maisons de luxe s’en emparent et principalement la maison Rykiel. À la tête de la direction artistique se trouve Nathalie Rykiel, fille de la fameuse créatrice de mode, Sonia Rykiel. Présente depuis 1995, c’est en 2002 qu’elle crée son extension de marque du nom de Rykiel Woman associant deux concepts en une unique boutique. Étonnant voire surprenant, pour la première fois la mode côtoie des objets érotiques. Une pensée formulée par la créatrice, «Nous faisons de l'art appliqué, qui consiste à faire se rencontrer une intuition, un travail et l'émergence d'un désir. Les femmes aujourd'hui ont conquis une certaine autonomie vis-à-vis de leur sexualité et de l'érotisme. Nous avons ainsi créé un univers qui n'existait pas, qui mêle la sensualité des étoffes et des matières et des objets érotiques. Ce sont des "sex toy". J'insiste sur ce terme car il s'agit bel et bien de jeux». Présentés de manière plus chic et raffinée, les produits mis en vente sont sélectionnés selon trois critères, l’esthétique, l’humour et la performance, dans une boutique s’élevant sur trois étages. Le sous-sol, exposant les sex-toys, est bien entendu interdit aux personnes mineures. Un endroit convoité par les couples et dont les chiffres nous montre le succès de ce nouveau concept.

Nathalie Rykiel serait-elle à l’initiative de la tendance du porno-chic ? Un avis très partagé dont elle se défend car selon elle, le porno-chic impose une image vulgaire à la différence de son merchandising qui se caractérise par l’absence d’ostentation de brutalité et d’exhibition. Ce qui est sûr, c’est que la journaliste Carine Roitfeld a bel et bien permis la diffusion de ce mouvement du porno-chic.

Cette exhibition habillent notamment les campagnes publicitaires des marques. Une nouvelle stratégie marketing des maisons afin de moderniser leur statut mais aussi pour conquérir un nouveau marché. L’une des premières campagnes est une photographie de Jeanloup Sieff pour la promotion de ma première eau de toilette «Pour Homme» de la maison Saint Laurent. Sur cette photographie, on apperçoit le jeune créateur Yves Saint Laurent complètement nu. Une provocation qui, plus tard, lui inspire un nouveau parfum du nom de «Scandale».

De nombreuses publicités émergent après le lancement du porno-chic notamment auprès de Gucci et Tom Ford mais également de Dior lors de la promotion de sa fragrance Dior Addict. Leur stratégie vise le «shockvertising», où l’objectif est de choquer la clientèle pour l’attirer. Utilisé par John Galliano ou encore Tom Ford auprès de la maison italienne Gucci, ces créateurs mettent en oeuvre l’hyper-sexualisation des mannequins dans le but de faire parler d’eux. Le porno-chic est mis en avant pour différents types de publicités. On retrouve les publicités égalitaires où l’homme et la femme sont représentés sans domination, et, les publicités discriminantes et agressives dans lesquelles la femme détient souvent le rôle de la femme objet, dominée et victime des hommes. La marque American Apparel va encore plus loin et engage des actrices X pour la promotion de ses collections lingerie. Des femmes avec différentes positions sexuelles, plus ou moins nue ou encore penchées de sorte à ce que leurs vêtements laissent apparaitre leur lingerie. Une campagne publicitaire qui met en scène les fantasmes de certaines personnes.

Le porno-chic s’affranchit et s’exhibe de plus en plus notamment sur les catwalks. Le créateur J.W. Anderson affiche en 2017 lors de défilés de Fashion Week des hommes entièrement nus. Une initiative qu’avait déjà pris Rick Owens en faisant défiler ses modèles sans pantalon, dévoilant notamment leur partie génitale.

Partie intégrante de la pop culture contemporaine, le sexe et la pornographie n’auraient aujourd’hui plus rien de tabou mais ne sont toujours pas pour autant acceptés par tous. La femme passe du statut de ménagère à celui de femme objet. Une révolte pour les féministes qui n’acceptent pas le stéréotype mis en oeuvre par la phrase «soit belle et tais-toi». Le mouvement du porno-chic n’est pas non plus bien perçu dans le monde des réseaux sociaux puisqu’il se voit censuré à plusieurs reprises. Une liberté d’expression, régulée par l’autorité de régulation professionnelle de la publicité avec pour seul objectif, permettre une libre expression sans affecter les consommateurs. Une réforme qui entraine la disparition de nombreuses publicités jusqu’alors sur les plateformes mais également à la télévision.

Que le porno-chic soit encore d’actualité ou non importe peu. L’ érotisme socialement scandaleux est exploité dans une logique d’efficacité publicitaire mis en place dans la communication. Il représente la garantie pour les publicitaires de susciter l’attention des consommateurs. Il s’agit également de cibler un public sensible au « paraître », une tendance très présente dans notre société actuelle. Par la mise en scène des interdits ou des stéréotypes extrêmes, une alternative aux frustrations est proposée par l’expression des fantasmes de la sexualité provocatrice ou violente.


Rédigé par Laurine Roussel.


Le monde évolue et la mode, reflet de notre façon de vivre, doit s’adapter. Textiles intelligents, impression 3D, vêtements connectés et réalité augmentée apparaissent pour créer la mode de demain. Une mode évoluée, qui concilie savoir-faire traditionnel et innovation et qui plaira sans aucun doute aux nouvelles générations ultra-connectées.


L’innovation dans la mode connait actuellement sa plus grande révolution. Le secteur de la mode, et plus particulièrement la mode ayant un positionnement luxe, s’appuie depuis des années sur un savoir-faire traditionnel ainsi que sur le fait-main. Or, comme tous les autres secteurs, la mode ne peut pas éviter les virages technologiques que connait la société. Au contraire, il s’agit même d’un virage à emprunter si les marques souhaitent maintenir leur succès et surtout si elles souhaitent s’adapter à l’arrivée des nouvelles générations ultra-connectées. En effet, la mode fait face à l’émergence des «digital natives». Les marques essaient de s’adapter au fur et à mesure de l’évolution : créer des sites e-commerce a été le premier pas vers ces nouvelles générations. Cela ne suffit pas car les générations Y et Z sont ultra-connectées et sont en perpétuelle recherche de nouveautés d’exclusivité et d’inédit. Ces individus sont très friands des objets mêlant luxe et nouvelles technologies. L’idée n’est absolument pas de tourner le dos au savoir-faire traditionnel mais plutôt de faire cohabiter et collaborer la tradition et l’innovation. La technologie peut se mettre au service de l’artisanat pour proposer la mode de demain.

De nouveaux tissus apparaissent tous aussi fonctionnels les uns que les autres. On parle de textiles intelligents. Le vêtement intelligent fait d’ailleurs partie en France de l’un des trente-quatre domaines prioritaire du Programme d’investissements d’avenir. La marque The Faraday Project propose une gamme de vêtements haut-de-gamme fabriqués en tissu permettant de protéger son corps contre les ondes négatives dégagées par les smartphones. Le tissu contient du fil d’argent permettant d’isoler les ondes de tout appareil électronique. Il est également possible d’intégrer des composantes électroniques dans le tissu. Un projet est en cours de réalisations pour développer des vêtements solaires permettant de recharger les appareils électroniques.

Outre l’apparition de ces nouveautés, il est désormais possible de faire pousser son propre tissu. C’est une New-Yorkaise appelée Suzanne Lee qui s’est penchée sur l’influence potentielle des sciences et de la technologie sur la mode qui a développer un processus particulier. Elle fait pousser dans son laboratoire, des textiles semblables à du cuir végétal grâce à un certain type de bactérie. Ces biomatériaux à l’aspect translucide permettent à la créatrice de développer plusieurs pièces. Une fois la confection terminée, les bactéries meurent et n’ont donc aucun dommage sur la peau et le corps humain.

L’impression 3D, plus proche de la science-fiction que de la réalité il y a encore quelques années, élargit le champ des possibles dans le domaine de la mode. Vêtements, accessoires, bijoux et chaussures peuvent maintenant être réalisés à l’aide de cette machine 3D. Iris Van Herpen est la première créatrice à introduire une robe 3D dans un défilé, qui sera ensuite suivie par Karl Lagerfeld et son tailleur 3D. Cette innovation permet de créer des vêtements uniques, sur-mesures, et permet de raccourcir les délais de fabrication tout en garantissant un gain de précision important. De nombreuses jeunes créateurs se lancent alors dans ce mode de conception comme Anastasia Ruiz ou encore le designer londonien Chaemin Hong qui propose des souliers uniques dont les talons sont entièrement conçus par l’impression 3D. Les géants du sport évoquent également la possibilité de produire des souliers aux semelles imprimées en 3D. À l’heure actuelle, les vêtements en 3D restent encore un peu trop rigides, difficiles à entretenir et excessivement chers.

Après l’apparition de nombreux accessoires connectés telle que la montre connectée, les vêtements connectées se développent également de plus en plus. On compte environ 30 milliards d’objets connectés. Il s’agit donc d’une stratégique intéressante pour les marques souhaitant toucher les jeunes générations et particulièrement la génération Z. Ces vêtements permettent de récoler et de traiter des informations émises par notre corps que l’on peut retrouver par la suite directement sur notre smartphone. L’univers du sport propose beaucoup de vêtements connectés car ils ont une véritable utilité. On peut grâce à eux, mesurer le rythme cardiaque, mesurer une performance, calculer son nombre de kilomètres parcourus, etc. Il s’agit d’une technologie encore très coûteuse que seuls les géants du sport peuvent se permettre. Nike développe notamment des sneackers auto-laçantes pour permettre aux coureurs de ne pas s’arrêter pour refaire leurs lacets. Les marques de mode aussi s’emparent de cette technologie : H&M et Google collaborent ensemble en 2017 pour développer une robe connectée collectant des données entrées sur le smartphone pour permettre à l’utilisateur de customiser la robe au gré de ses envies. La célèbre marque de jeans Levi’s collabore également avec le géant de la Data pour proposer une veste utilisant la «wearable technology». Sensible au toucher, elle permet de contrôler son smartphone à distance grâce à ses dispositifs électroniques totalement invisibles installés dans les manches. Il est donc possible d’accepter ou de refuser un appel en tapotant sur la manche de la veste. Nous pouvons encore citer Wair, lauréate du défi Cisco, qui conçoit un foulard connecté anti-pollution. Le textile permet de filtrer la pollution ainsi que les microbes. Reliée à une application accessible depuis un smartphone, elle permet d’analyser la qualité de l’air que l’on respire et alerte lorsque le seuil de pollution est trop élevé. Les vêtements connectés sont encore actuellement un marché de niche, qui ne va pas tarder à exploser et à faire sensation.

Les nouvelles technologies ne concernent pas uniquement les produits mais également les expériences clients. Les marques proposent ainsi au sein de leurs boutiques ou dans des pop-up stores ouverts pour l’occasion, de vivre des expériences hors du commun en utilisant la réalité virtuelle. Déjà en 2014, TopShop propose à quelques utilisateurs de découvrir le défilé de la collection automne/hiver à travers un casque. Dior crée également son propre casque appelé Dior Eyes, intégrant le son et les images à 360 degrés pour s’immiscer dans les backstages des défilés. Il est prévu pour les années à venir de pouvoir visiter une boutique depuis chez soi ou carrément de pouvoir essayer des vêtements depuis sa maison : on parle de shopping virtuel. La marque Le Chemiseur souhaite elle aussi proposer une expérience unique tout en mettant la technologie au service de l’artisanat : un concept de création de chemises entièrement sur-mesure grâce à un algorithme breveté. Il s’agit donc de conserver une fabrication artisanale tout en contournant un mode de distribution classique.

La nouvelle industrie textile n’en oublie cependant pas pour autant ses principes de base et cherche à se développer en conversant des coupes millimétrées, des matériaux d’exception, un sens du détail et de ce fait, sa quête à la perfection. Aucun doute, de nombreuses innovations risquent de pointer le bout de leur nez d’ici quelques temps…


Rédigé par Clara Dokchine.

Rédactrice en chef, styliste et parfumeur, Carine Roitfeld s’est imposée dans le monde de la mode au risque de créer la controverse. À l’initiative du porno-chic, elle a su imposer ses idées, bousculant les codes conventionnels du luxe et de la mode.


Née à Paris dans le quartier bourgeois de Passy un 19 septembre 1954, Carine Roitfeld grandit auprès de sa famille. Son père, Jacques Roitfeld est producteur de cinéma d’origine russe. Sa mère, Nicola Roitfeld est mère au foyer. Carine Roitfleld passe son enfance dans un cadre familial aimant, entourée de ses parents, son frère ainsi que de sa grand-mère. Un cadre de vie très confortable voire bourgeois. Son enfance se déroule sans ennuis dans le XVI ème arrondissement de la capitale. Proche de sa grand-mère, elle la retrouve chaque jour autour d’un jus d’orange et des toasts aux caviars. Une relation proche qui lui tenait à coeur. Bien que son père représente son modèle parfait qu’elle vénère, celui-ci n’a pas toujours été présent auprès d’elle, beaucoup trop occupé par son métier. Rien ne la destine à travailler et s’engager dans le monde de la mode. Sa famille maternelle étant dirigée vers les métiers d’écriture. Son grand-père, Pierre Bénard, est journaliste et rédacteur en chef pour le « Canard enchaîné » dans les années 1930/1940. Lors de la création de «Elle» par Hélène Lazaref, la mère de Carine Roitfeld y travaille en tant que journaliste avant de rencontrer son mari, père de Carine, sur le tournage du «Comte de Monte-Cristo».

Toujours vêtue d’une jupe crayon et de chaussures à talons Carine est une petite fille qui prend soin d’elle et attache peu d’importance aux modes et aux tendances du moment. À l’âge de seize, elle quitte les bancs de l’école, préférant s’amuser et profiter de sa jeunesse avant d’être repérée dans la rue par le photographe Tony Kent. C’est alors que la carrière de Carine Roitfeld commence dans le milieu de la mode. Ses débuts se font en tant que mannequin. À l’âge de dix-huit ans, ses différents shooting l’amènent à paraitre dans le magazine de mode anglais Look Now. Un premier contrat qui lui permet de décrocher un poste de styliste dans le magazine Elle. Mère d’une petite fille nommée Julia, Carine Roitfled s’associe avec le photographe Mario Testino lors du shooting de sa fille pour le magazine italien Vogue Enfant. Elle réalise en 1986 avec l’aide de Mario Testino , tous deux devenus inséparables, de nombreuses photographies et publicités pour les célèbres Vogue américain et français ainsi que pour Glamour. De Tom Ford pour Gucci ou encore Yves Saint Laurent, Carine Roitfled devient la consultante et l’associée des plus grands créateurs du moment, imposant peu à peu sa place dans le monde très serré de la mode. Sa carrière est véritablement lancée. En 2001, Carine Roitfeld change quelque peu d’orientation et se lance dans la presse de mode. Elle entre chez Vogue Paris en tant que rédactrice en chef. Remplaçant Joan Juliet Buck, son arrivée n’est pas très bien vu par les lecteurs et consommateurs au vu de sa réputation mais aussi de l’ancienneté de Joan Juliet Buck au sein du magazine. Une arrivée surprenante qui ne tarda pas à se faire remarquer. Carine Roitfeld se forge une image d’une personne franche affirmée et pointue dans le monde de la mode. C’est à partir de là qu’elle commence à imposer ses idées et à révolutionner les codes de l’élégance bourgeoise mise en oeuvre par le magazine à cette époque. C’est l’ère du porno-chic. Une tendance pour laquelle Carine Roitfeld joue un rôle fondamental en permettant à celle-ci de s’expandre dans le monde entier. Selon elle, le porno-chic amène à la réflexion entre le masculin et le féminin. La tendance qu’elle appelle aussi «érotico chic» s’articule autour de la sensualité et l’envie. Une pensée, un état d’esprit mais aussi une action de la vie de tous les jours, tout comme le fait de se vêtir de lingerie le matin. Un premier geste de féminité et de sensualité qui excite.

Les campagnes porno-chic sont le reflet d’un scénario de film où le mannequin interprète le personnage. Un mannequin aux poses provocantes à la limite du vulgaire est diffusé dans Vogue. La vague de porno chic est lancée ! Les maisons de luxe s’imprègnent de cette tendance et l’emploie en tant que moyen de communication avec des publicités toujours plus osées afin de choquer et interpeller la clientèle.

Cette tendance aura permis au magazine Vogue d’accroître ses ventes de vingt-cinq pourcents. Carine Roitfeld, nommée CR dans le milieu, devient alors une icône citée comme étant l’une des cent personnalités les plus influentes dans le monde de la mode selon Time magazine.

Ornée de bijoux, maquillée et talons aux pieds, la rédactrice en chef réalise un dernier shooting avec à l’honneur des fillettes à la moue boudeuse et à la pose sexy. Les petites filles s’affirment comme de vraies femmes dans le numéro spécial enfants nommé «Cadeaux». Un scandale de trop qui conduit Carine Roitfeld à quitter la direction de rédaction du magazine Vogue en décembre 2011.

À l’âge de 57 ans, l’incontournable CR sort son premier livre du nom de Irreverent, un ouvrage mêlant photos personnelles et clichés emblématiques de sa carrière. Une carrière riche qui sera plus tard mise à l’honneur dans un reportage de Fabien Constant, «Mademoiselle C». Un reportage dont le sujet principal révèle aux téléspectateurs le nouveau projet de l’ex-rédactrice en chef du magazine Vogue à l’instar du film «Septembre issue». Réalisé par R.J. Cutier, ce film révèle les coulisses de la réalisation du magazine de septembre de Vogue, dirigé par Anna Wintour. Deux personnalités dans le monde de la mode assimilées mais pourtant opposées. Pour avoir travaillé plusieurs fois avec elle, Carine Roitfeld décrit Anna wintour comme étant très intelligente, très politique, et ayant un fort pouvoir. Elles ont toutes deux une approche très différente de la mode et du business.

Une vision de la mode que Carine Roitfeld a mise en avant dans son propre magazine bi-annuel, CR Fashion Book. Derrière ce titre plutôt narcissique, composé des initiales de la papesse de la mode, se cache un magazine publié en anglais qui traite des sujets variés sur la mode, l’art et la culture. Un magazine pour s’évader, rêver et quitter son quotidien trop terre à terre. Un magazine dans lequel elle se dit «go-between» entre le podium et les lectrices. Elle montre aux femmes comment porter des créations parfois importables qu’elles découvrent dans les journaux, sur les podiums ou sur Internet. Riche de ses publications et de ses collaborations, le magazine entre en contact avec des grands noms de la mode mais aussi avec des personnes encore inconnues, issues de nationalité diversifiée et de parcours différents.

Toujours active et en quête de nouveauté, Carine Roitfeld ne cesse d’élargir son univers à travers trois collections capsule. Elle collabore avec Uniqlo, sur une gamme de maquillage pour la marque de cosmétique MAC et sur les collections du célèbre créateur Karl Lagerfeld. En collaboration avec celui-ci, elle aide à la préparation d’une exposition et écrit notamment un livre de deux tomes sur la petite veste noire mettant en scène une centaine de personnalités habillées de ce classique de Chanel. Une collaboration donnant naissance à une véritable amitié. «Karl a été mon protecteur. Quand j’ai quitté la rédaction en chef de Vogue, j’étais un peu perdue. J’avais l’impression de ne plus compter beaucoup dans la société. Il m’a recueillie.». Dès leur première rencontre dans le bureau de Karl, leur entente fut immédiate.

Plus récemment, Carine Roitfeld a lancé la création d’une ligne de parfums, intitulée Sept Lovers, «destinée uniquement à ceux qui osent être désirés». Une collection qui s’inscrit dans une lignée quand on sait que Mme Roitfeld se parfume avec l’une de ses propres créations, l’alliance entre la fragrance Opium d’Yves Saint Laurent et la Fleurs d’Oranger de Serge Lutens. Une composition puissante, informant ses collaborateurs de sa présence. Mais une simple fragrance ne lui suffit pas. Elle créer une impresionnante collection de sept parfums. «Je me suis inventée sept lovers que j’aurais laissés dans sept villes, comme un marin qui laisse une conquête dans chaque port.». Il y a Aurélien à Paris, un absolu de fleur d’oranger et ses notes fleurs d'aubépine ainsi que Vladimir à Saint-Pétersbourg avec son absolu d’iris et ses notes d’osmanthus. On retrouve Sebastian à Buenos Aires ainsi que George à Londres, Lawrence à Dubai et son absolu de jasmin… Si chacune de ses créations porte un prénom d’homme, elles ne sont pas réservées à la gent masculine. Certains hommes adorent porter des parfums féminins, et inversement. Des compositions en collaboration avec trois parfumeurs français pour des notes racées et twistées comme ses looks mode.

Aujourd’hui, Carine Roitfeld retrouve sa vraie vie de femme, mère et maintenant grand-mère auprès de sa petite fille, Romy. Épanouie dans son nouveau rôle, elle porte une toute nouvelle couronne, tournant la page sur une carrière riche de ses nombreuses expériences. Après avoir bousculé les codes de la mode Carine Roitfeld se retire, laissant d’elle l’image de la papesse de la mode. La marque Carine Roitfeld est un héritage pour Julia Restoing Roitfeld, sa fille, mannequin et créatrice et son fils, Vladimir, photographe. L'histoire est loin d'être finie.


Portrait réalisé par Laurine Roussel.

Les publications Melancolia ®, 20 Rue Jules Brunard, Lyon, Auvergne - Rhône-Alpes 69007, France

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